Nous mettons en place des chantiers d’expérimentation artistique en dehors des temps de création. Ce sont des espaces d’analyse de pratique et de fabrication de formes nouvelles.

Pour que l’artiste continue à se placer en situation de chercheur, il nous semble nécessaire de mettre en mouvement les pratiques et réinventer les règles. Il doit continuer à se former et dépasser ce qu’il sait faire. La démarche de chantier répond à un besoin d’autoformation en confrontation à la pratique d’autres artistes.

Individu et collectif

Nous avons beaucoup expérimenté et échangé sur l’articulation entre le travail individuel (démarche d’affirmation et de proposition) et le travail collectif (méthodologie et construction). Par exemple, nous avons pu vérifier que sans un engagement fort de chacun dans une recherche individuelle, la démarche collective ne pouvait se développer et tombait dans un consensus pauvre et tiède. Le collectif peut ainsi appauvrir une proposition si elle n’est pas portée par un meneur affirmant et imposant un parti pris artistique.

En revanche, nous pouvons constater que le collectif peut amener cette proposition plus à maturation si chaque membre se sent responsable à part entière du résultat. Outre les outils nécessaires à la maitrise d’un langage (théâtral, musical, dansé, plastique, écrit etc.), nous pouvons parler d’urgence à dépasser nos pratiques de confort et à affirmer des propositions, même porteuses d’échec et de maladresse.

L’artiste doit affirmer un désir

En dehors d’une production, nous pouvons interroger les aspects essentiels de la recherche d’un artiste.

Quelles « obsessions » restent présentes lorsque la confrontation avec le public est évacuée ?
Quel temps est pris pour entretenir cette chose fondamentale ?

L’objectif de ces chantiers est notamment de prendre ce temps déconnecté de la nécessité de réussite de la représentation. Nous avons pu constater, par moments, que ce manque d’urgence pouvait nuire à la qualité du travail et qu’un moteur manquait pour le dépassement de soi. Comment créer les conditions d’une densité et d’une exigence de travail loin d’une démarche de production ?

L’artiste est un chercheur

L’artiste doit accepter le flou et être démuni, un temps, face à un problème posé. Ce problème impose des choix. Il est dans la « gadoue » et pour en sortir il doit essayer sans cesse, rater et se tromper.

Qui crée l’œuvre dans le spectacle vivant ?

Il nous semble intéressant de casser la relation metteur en scène (qui serait systématiquement le porteur de projet) et acteurs (embauchés pour l’occasion, dans le rôle de suiveurs). L’autonomie de l’acteur au service d’une œuvre nous semble une notion fondamentale. Un metteur en scène doit faire appel à des artistes qui apportent avec eux, au service d’une création, leur propre univers. Les rôles doivent être bien définis pour que chacun soit entièrement responsable de sa partie tout en en connaissant bien les frontières. Le metteur en scène n’a qu’un rôle parmi d’autres rôles mais reste garant de l’unité et de la cohérence de l’œuvre.

D’autres langages

Le spectacle vivant accueille différents langages et s’inspirent de différentes pratiques. C ‘est pourquoi ces chantiers s’adressent à des personnes aux démarches très diverses. L’un des intérêts de ces temps de recherche est de réfléchir aux correspondances entre les différents langages et de créer des conditions de rencontre par la pratique et la confrontation.

Théorie et pratique

Il est nécessaire de trouver un équilibre entre les phases d’échanges théoriques et les phases de pratique et d’expérimentation. Comme il est nécessaire d’interroger la forme et le fond, le fond venant de la forme ou la forme venant du fond…