C’est le bordel !
Laisser s’éteindre le rêve d’enfant.
Tout ce temps passé à tenter d’ordonner le monde. De ranger les choses que l’on voit, à des places. Dans des mots. J’ai toujours rêvé d’être enfoui de mer.
Mais merde ! Il est impossible de toujours circuler de cette façon, sans destination précise ! Librement, sans pierre d’achoppement. Est-ce que ça n’est pas une fausse liberté ? Est-ce que ça n’est pas une forme de conditionnement ? Ne jamais pouvoir se poser...
Oui, enfin, oui, je peux nager, mais à un moment, très franchement, je me fatiguerai de nager. J’aurais envie de me poser. Tiens, dans un bon vieux fauteuil, là tiens ! Un peu de régression, bon sang, un bon vieux fauteuil tiens, comme à la maison.
Le bordel autour de moi associé au bordel dans ma tête, ça fait beaucoup, beaucoup de bordel ! Ça n’est peut-être pas si humain comme environnement finalement...
Trop d’éléments distincts, trop de tailles différentes, de couleurs, de textures. Manque de structure dans cette vastitude. Manque de couloirs, de portes à refermer. M’isoler, tiens ! Comment vivre continuellement sans espaces divisés. On peut se camoufler, oui, mais alors, STOP ! On ne bouge plus ! C’est cela, c’est bien-bien.
Puis, il y a le petit poisson rouge qui vit dans son bocal, et là ça se complique. Doit-il dire : « Je viens de mon bocal, je suis issu de ce bocal si parfait ? »
S’il fallait brusquement briser ce bocal en verre ? Si sous le coup d’une révolution-ras-de-marée, il se ferait que l’on détruise tous les bocaux en verre ? Qu’ils disparaissent ? Que pourrait devenir le poisson rouge-rouge-domestiqué ?

Odile Vansteenwinckel - Initial Monde - Mesurer la taille du Monde