On hésite pour cet édito entre grosse colère, tristesse ou espoir de révolte ; l’actualité internationale et les attaques barbares contre l’humanité ; les dogmatismes nationaux protégeant l’argent des riches et préférant liguer les gens les uns contre les autres ; les barons locaux qui dressent des symboles phalliques en bordure de route ; la tentation de ne plus regarder tout ce bordel ambiant et de se vautrer une fois pour toute dans le spectacle divertissant. On veut penser à autre chose, nous dit-elle. Sortir de mon quotidien trop triste, nous dit-il. On pourrait vivre sous cloche, refusant l’état du Monde, l’état de soi, sidérés par la horde bleue marine qui s’avance en bombant son torse. Et on pourrait aussi autre chose, transgresser sans haine, refuser sans mépris, se moquer de l’absurde, réanimer une puissance endormie contre les glands de l’austérité, des dividendes, de la novlangue et du tout sécuritaire. En cette rentrée chaude comme la braise, ici à Brest, on vous propose des fenêtres ouvertes ; et des écritures qui mijotent ; des chansons, des guinguettes, des ogres ratatinés, des images jaillissantes, de la douceur paysanne, des quartiers peuplés, des lettres voyageuses, des instants suspendus... On vous propose de l’Amour.
Lionel Jaffrès