Je vous rencontre tous les mardis, la promotion 7 de Ressorts. J’assiste aux ateliers. Je propose parfois des extraits de la pièce qui est en cours d’écriture et que vous jouerez à l’automne. Parfois j’écris à partir de ce que je vois, perçois, entends. Dans nos vies, on ne rencontre pas toujours les autres. Là je suis souvent touchée, extrêmement. Par la beauté de ce qui se passe dans l’intimité de cette salle blanche. Les murs se souviendront de vos courages à dire ce qui parfois a failli vous tuer. Les murs se souviendront de votre courage. Surtout de votre rage. De ne pas vouloir être que.
Que sans. Sans travail, sans papiers, sans le corps qu’il faut.
Vous êtes tout l’inverse. Vous êtes avec. Avec l’honnêteté et l’humilité, avec la rage de vivre, avec la rage de dire. Avec le courage de vous réinventer. Vous êtes les Phénix des hôtes de ces bois.
Bluffée par vos présences. Votre grâce soudain révélée par une danse. Attends-t-on d’un homme qui a souffert qu’il danse ? Attends-t-on d’un homme qu’il pleure ?
Vous avez fait groupe. Comme une colonie d’abeilles qui fait face ensemble. C’est à dire solidaire, accueillante. Ça c’est incassable. Votre humanité, votre humour.
Il y a une machine en face qui me semble parfois trop puissante. Il y a un monde qui voudrait dire que tout cela est superflu. Moins important que la rentabilité. Ceux qui défendent l’effort de guerre, la réduction des budgets non marchand : services publics, vie associative, culture, éducation, santé, logement.. Qui se croient tout puissant à détruire le commun.
Ils pourront couper les fleurs, ils n’empêcheront pas l’arrivée du printemps. Malgré leurs victoires, ils ne décideront jamais de la valeur des choses. Moi, le mardi, je sais qu’agir est encore possible.
Maïna Madec