J’ai un nuage dans la bouche. Je fais une sieste sur un volcan.
Je vole sur du tofu soyeux au-dessus de l’océan.
Un immense oiseau-raie affleure la surface.
Pas pour me saluer.
Pour gagner le territoire des pies-manta.
Je crache le nuage et m’assèche aussi sec.
Des flocons déshydratés de Morgane dans la flaque aux phoques.
Qui se marrent.
L’un me dessine qu’il ne connaissait que la Morgane lyophilisée, goût universalisé lissé, vectorisé et délivré grâce aux nouvelles nanocapsules ‘’newmen generation’’.
Je plonge et coule, longe un tube fin plastique qui n’en finit pas.
Au bout, enfin, je découvre que c’est la paille géante côte Ouest.
Je m’y agrippe et aspire les résidus d’hydrocarbures de l’épave d’un conteneur Maersk.
Je me transforme en bronze.

C’est fou. Mais moins que moi.
Mon intestin mesure 7 mètres, et moi, 169 centimètres.
Je suis composée de 10 000 milliards de cellules.
J’héberge 100 000 milliards d’organismes vivants microscopiques.
Je suis dix fois plus peuplée que moi-même.

C’est fou. Mais moins que ça.
2 000 milliards de galaxies dans l’Univers.
C’est ce que les humains ont découvert en décembre dernier, qu’il y a dix fois plus de galaxies que ce qu’ils imaginaient avant.
En 2016, au Japon, dix souriceaux sont nés à partir de cellules de peau.

Et mes rêves ? Et nos rêves pour 2017 ?
Combien sont-ils ? Ils en hébergent combien eux-mêmes ? Sont-ils fous ?

Morgane Le Rest, le 10/01/2017