Journal / actus

petit / grand

13 mars 2018

Le monde paraît tout petit quand on va d’un seul coup à l’autre bout, en avion, en zodiac, en voiture de sport. Le monde redevient très grand quand on marche sur une montagne et qu’on se représente qu’elle était déjà là il y a des millions d’années. Petit, grand, aujourd’hui, avant. Ces échelles qui se télescopent, ça fait tourner la tête. On sait bien qu’on vit dans un monde abîmé, mais on sait aussi qu’il y a des choses belles à vivre, qu’il y a des endroits joyeux à l’intérieur de ce monde abîmé. Par exemple, découvrir la complexité géologique d’un lieu, ça transforme. On a envie de partager. Arrêter d’avoir des solitudes, d’être chacun dans son coin. Partager le bouleversement qui a provoqué le cheminement, qui fait qu’on regarde le monde autrement. Chercher l’endroit où l’on ne se sent pas uniquement impuissant. C’est prétentieux de penser qu’on peut agir, qu’on peut changer le monde des humains. Mais est-ce que ce n’est pas aussi absurde de ne pas se préoccuper de changer ce monde ? Mesurer, savoir, connaître. On a envie de savoir comment marchent les étoiles, les volcans, les cyclones. En comprenant, on peut mieux faire face. On traverse le monde, on est en interaction avec lui. Est-ce qu’on va être capables, est-ce qu’on va pouvoir se rendre capables de déplacer le monde ? On voudrait attraper ce qu’on attrape rarement : mesurer la taille du monde. Que les mots se transforment en acte.

Isabelle Hazaël