Nous descendons vers le port.
C’est quoi cette histoire de geste artistique ?
Monsieur, qu’est-ce qu’on doit faire ?
Tu vois le bonhomme tracé sur le sable tout à l’heure, ça doit être quelque chose comme ça.

L’escalier est pas droit, c’est ça un geste artistique ?

Je ne sais pas quel son trouver ?
J’ai pas d’imagination.
Faut-il de l’imagination pour trouver un son ?
Non, normalement, il est là.
Mais j’entends rien. C’est silencieux un port.

Il y a des petits sons partout.
Trop éloignés. Cela ne donne rien avec le portable.
Il faut s’approcher...
Mais c’est loin.

Je peux demander aux gars (des marins) de faire du bruit avec leur bateau ?
Il y a plein de bruits ! Ailleurs. Tu ne peux pas dire que c’est silencieux.Tu veux dire quoi par silencieux ?
Le silence c’est quand on ne peut pas capter.

On doit prendre des sons naturels ou des sons d’objets ?
C’est quoi la différence ?
Il y a le moteur et le goéland.
C’est pareil ?
Le bruit d’objet c’est plus fort ?
Il y a des goélands qui font du vacarme et des petits bruits de moteur.
J’allume le moteur, pas le goéland.

Le son artificiel, il faut le faire.
Il ne se fera pas tout seul.

Est-ce que tu trouves que le bruit de moteur, là-bas, est beau ?
Ah, ouais, go !
C’était une question ! (il est déjà parti)

D’ailleurs, c’est plus simple de capter un son artificiel.
On est tout près. Il vient quand on veut.

Un bruit de chaîne peut-il devenir le son de cloche d’une vache ?
Naturel ou artificiel ?
C’est le bruit de l’esclavage.

C’est un bruit de marteau.
Pourquoi tu aimes bien ce son ?
C’est net.

La palette est en bois, si je tape dessus, c’est un bruit naturel ?

Un boîtier électrique, en plastique.
Je le racle. Moi, est-ce que je suis naturel ?
Dans ce cas, c’est un son naturel.
Comme l’oiseau qui plonge dans l’eau.

Le problème avec le téléphone
c’est qu’il ne sent pas.
On pourrait prendre des odeurs.
Oui, mais là on cherche des sons.

Un bruit de moteur peut-il être beau ?
Cela dépend de ce que l’on en fait.

Ils font du bruit les charpentiers. Vous aimez bien ce son ?
C’est de l’activité.
Peut-on dire que c’est beau ?
Non, c’est violent.
On découpe, on perce.
Mais il peut y avoir de beaux rugissements de moteurs.

De la différence entre le naturel et l’artificiel

Il y a des choses naturelles et industrielles ? Comment faire la différence ?
La chose naturelle vient d’elle-même. Comme le cri du goéland.
L’araignée trouve la toile dans son corps.
Même l’oiseau fait son nid avec des choses naturelles.
Il ne fabrique pas les branches.

Mais le béton aussi c’est naturel. Tu prends de choses et tu les mets dans le thermo-mix.
Tout est naturel.
Il y a tout de même des choses que la nature ne fait pas par elle-même.
Un mur, des ports.

Il y a des objets industriels. Ils doivent fonctionner pour l’homme.
Ils servent l’homme.
Le goéland n’est pas là pour fonctionner.
L’arbre non plus. Ils sont là, c’est tout.

Les objets industriels ou artificiels ne viennent pas d’un coup.
Il faut trouver les matériaux, mais avant tout il faut faire un plan.

Le plan il existe dans la tête.
Un objet artificiel existe dans la tête avant d’être fait.
Il est ensuite à l’extérieur du corps.
Tout ce qui est autour de nous est artificiel car il y a un plan.
Un objet artificiel, on le repère tout de suite ; il vient des idées d’un humain.

De la possibilité d’être un arbre ou une grue

Vous avez parlé de la mer, des grues et des arbres ? Tout ça c’est différent.
Vous n’êtes pas des arbres ?
On n’a pas de châtaigne !
On est vivant, comme eux.
On pousse, on se nourrit, on se reproduit.
Où est la différence ?
L’arbre ne sait pas qu’on le touche.
Son écorce est trop épaisse.
Il ne sent rien. Si je le frappe, il ne réagira pas.
Ce n’est pas comme les animaux.
Il n’est pas sensible.

A quoi pense-l’arbre ?
Comment savoir, il faudrait se mettre dans l’écorce d’un arbre.
Pourtant, il réagit bien. Si je l’arrose, il pousse.
Certains peuvent communiquer, quand on les agresse.
Mais ils n’ont pas de conscience.
Ils ne savent pas ce qui leur arrive.
Nous on sait ce qui nous arrive ?
On est sensible et conscient.

Quelle différence faites-vous entre vous et la grue ?
Elle a été fabriquée.
Imaginons Un robot. Avec une forme humaine qui parle et qui ressent des choses. Est-ce un humain ?
Impossible. Cela ferait comme les ordinateurs.
A un moment, il faut les mettre à jour.
Ils repartent à zéro.
Nous on se met à jour tout seul.
Pas besoin de logiciel.
On ne repart pas à zéro.

Êtes-vous vraiment naturel ?
On est vivant.
Les objets non.
Mais on n’est pas des arbres, ni des animaux.
On dit que l’on descend du singe, mais les singes descendent bien de quelque chose.
On ne descend pas des grues non plus.

De l’intérêt de déambuler sur un port parmi les bruits d’hélicoptère

On vous propose de venir ici. Dans quel but ?
Parce que vous en aviez envie.
Mais pourquoi a-t-on envie d’inviter une classe sur un port.

Pour notre imagination.
Ici il y a plus de choses que dans une classe.
C’est plus grand. Plus vaste.
On ne peut pas avoir des idées n’importe où.
Il faut être dans un endroit où l’on a envie d’être.
Il y a des endroits qui aident l’imagination
.
Mais que veut-on dire par imagination ?
Ce sont les choses que l’on a dans la tête.
Mais cela ne vient pas que de la tête.
Ces choses viennent aussi de l’endroit où l’on est.
Des personnes avec qui on est.
Mais le problème de l’imagination c’est que l’on ne sait pas vraiment ce que l’on imagine avant de créer quelque chose.
Mais ce que je crée, ce n’est pas vraiment ce que j’imagine.
Mais si je ne crée pas, je ne peux pas vraiment voir ce que j’imagine
et les autres ne peuvent pas le voir.

Quand on fait quelque chose, comme les représentations, on se sent fier.
On est fier, car il fallait le faire.
Si je ne l’avais pas fait, cela n’aurait pas existé.